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Je ne reverrai plus.... | Nelly Chamard |
Rêverie à Oran | Nelly Chamard |
Neige sur Oran | Amélie Tello 1931 |
Les odeurs de là-bas | Odette Tremelat Legay |
Et vois tes yeux profonds, émergeant de l' azur, Elixir de saphirs sur l'onde la plus pure ; Leurs grains de sable d'or sont ma dune où j'espère. La cadence est magique, les vagues ne rient plus. Mes songes enfantins qui ne s'amusent plus, Sont à demi figés dans la vapeur amère. Déchaînant ma mémoire en ses secrets recoins ; Il ressurgit alors, découvrant le rivage, Des écrits d'autrefois aux airs proches, et lointains. Il se gorge d'anis tout ambré de cannelle, S'enivre de vin doux muscat et citronnelle, Mes yeux sont suspendus sur leur songe en détresse. Onirique boisson qui fait danser l'enfance. D'une plage rêvée qui nourrit ma démence, Je ne peux oublier mon lancinant servage.
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![]() Pour célébrer pompeusement ses épousailles Avec l'hiver nouveau brusquement apparu C'est pourquoi, cette nuit, il a neigé fort dru. Du blanc, du blanc, partout, sur les toits, dans la rue, Toute surprise encore de la neige imprévue, Sur le jet d'eau muet où le palmier se penche. Et c'est chose si rare en ce tiède pays, Que les petits oiseaux en sont tout ébahis, Il neige un peu encore et c'est vraiment charmant.. Un fin duvet de cygne est lancé mollement Du ciel gris et morose où le soleil se cache, Jaloux de la splendeur de la neige sans taches Mais voici qu'il se montre, il est déjà dehors, De la blanche parure il a juré la mort. Et la neige s'efface aux rayons du soleil Comme aux désillusions, nos beaux rêves vermeils. Amélie TELLO 1931 |
Dans le verre embué ? Et celui des brochettes Aux portes des cafés ? De là bas c'est l'odeur. Me voici transportée sous l'oranger en fleurs Des souvenirs, soudain, s'ouvre tout grand le livre Quand toutes ces senteurs se mettent à revivre, C'est un ciel éclatant d'azur et de vermeil Une mer d'émail bleu ondulant au soleil C'est la vigne naissant au sein des terres rouges C'est midi si brûlant que l'ombre seule bouge C'est l'ardente clarté courbant les floraisons C'est la chaleur, la plage; c'est notre maison. Et vois le bourricot sur la route poudreuse Qui trotte résigné, chargé de lourds paniers Qui lui battent les flancs. Retrouve les palmiers Aux écailles brunies dont la houppe balance Dans les cieux en fusion la verte nonchalance Qui, respire bien fort les parfums de là bas Et tu verras alors, emplissant les cabas En tunique de sang, la tomate pulpeuse L'orange ensoleillée et la grappe juteuse Tu sentiras l'odeur des couscous épicés, Des paëllas fumantes, des piments grillés, Et l'arôme fruité de notre huile d'olive La fragrance salée du rouget, de la vive De la dorade rose au bout de l'hameçon Dont on se mijotait des soupes de poissons Vois les figues sucrées emplissant la corbeille Près desquelles tournoient les friandes abeilles Délaissant le jasmin langoureux, obsédant. Nous mordions dans la vie, ensemble, à pleines dents Le passé contenu dans ces fortes senteurs C'était les temps heureux, c'était notre richesse... Car l'odeur de là bas, c'était notre jeunesse ! Odette TREMELAT LEGAY |
Ma paupière perlée sur Oran, ma maison, Conservant dans mes yeux mon plus lancinant rêve. Au fond, un paquebot se perd à l'horizon. Dans le creux de leurs mains, dans leur peau, dans leurs seaux, Bâtissaient des châteaux avec leurs forteresses, Naissant dans cette ardeur unique à la jeunesse. De Méditerranée, de fruits de Barbarie, Au goût des margaillons, aux senteurs de cannelle, De beignets encor chauds, adieu ma ritournelle. Et je n'entendrai plus ces vendeurs de vaisselle, Ces vitriers chargés, ces matelassiers, Ces rempailleurs chantants et ces ferblantiers. Le brouhaha mêlé de cette effervescence. Ma maison désolée s'écoule dans mon pleur Et l'écho de mon âme se perd dans le silence 7 décembre 2012 |