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ORAN HIER.... ET AUJOURD'HUI
 
Oh ma ville natale, Oran ma capitale,
pour moi rien ne t'égale,
dans tes fameux décors,
car j'aime la caresse
de ton flot qui paresse,
devant la forteresse
qui veille sur ton sort.
 
(c'était au début des années 1940, début d'une chanson composée par M. JARRIE de l'Opéra d'Oran)
(communiqué par Odile Pernin)

Classement des sites du Vieil Oran comme Monuments historiques
La plus vieille place d'Oran : La place de la Perle 
Le muezzin et le canon du Ramadan
Le caminico de la muerte
La Porte du Caravansérail
La Porte d'Espagne 
La Porte du Santon
La Posada Espanola
La Maison Hassan
Comme il a fait, lui ! (fable contemporaine)
 Monuments en exil (Où sont les monuments déplacés aujourd'hui)

 

 Le muezzin et le canon du Ramadan

 La mosquée Sidi el-Houari, qui est le nom du Saint-Patron de la ville d'Oran (ce qui explique pourquoi la plupart des magasins ont pour enseigne el-Houari, sans compter les enfants qui bénéficient de ce prénom pour leur porter bonheur...) comporte un minaret de section carrée comme le veut la tradition, puisque les appels à la prière doivent être faits successivement vers chacun des points cardinaux.
Par contre la grande mosquée, à partir de laquelle se faisaient et se font apparemment toujours, les appels, colmporte six côtés, ce qui est une forme assez rare dans l'architecture des mosquées. Les appels se font néanmoins dans les quatre directions.
Autrefois c'était un muezzin qui officiait, tel qu'on le voit sur la photo ci-dessous et ses appels sans être criards atteignaient, semble-t-il, tous les intéressés. La mélodie n'était pas désagréable et ne dérangeait pas, ce qui n'est plus le cas lorsque l'homme a été remplacé par des haut-parleurs qui ont l'ambition de faire sauter les gens au plafond et d'atteindre la ville voisine.
 
A l'époque du Ramadan, les enfants que nous étions, avaient une attraction particulière : il s'agissait du signal de la fin du jeune qui consistait en un coup de canon tiré depuis les hauteurs du Murdjadjo, depuis le fort de Santa-Cruz ou d'un point très proche. Ce coup de canon était tiré à une heure précise (18 heures) ce qui nous laissait le temps de nous préparer à l'observation. En effet, un des balcons de notre appartement, était directement en face de la montagne. Mon père nous avait appris à calculer la distance à partir de l'intervalle de temps qui séparait l'éclair du tonnement. Nous nous étions exercés avec les orages. Vous le savez, bien sûr, mais je ne résiste pas à l'envie de le répéter : La vitesse du son étant de 1200 kms à l'heure, cela donne 20 kms à la minute ou 333 m à la seconde.
Donc nous guettions l'éclair du coup de canon, et mes frères et moi nous mettions à compter. Comme on ne comptait pas à la même vitesse, on prenait la moyenne et on connaissait avec précision la distance de notre balcon au fort de Santa-Cruz à vol d'oiseau. Nous eûmes quand même plus tard, l'idée de prendre un chronomètre !!!

      les haut-parleurs dans les quatre directions et l'ancienne manière.
         
Le canon du Ramadan

 

Comme il a fait, lui !

 
Ammi Ali ne pouvait s'empêcher de méditer sur un dicton populaire qui reflète si bien le bon sens des anciens. "Ils savaient des choses, nos anciens, y a pas à dire ! Tout ce qu'ils ont dit se vérifie dans le vécu quotidien".
Ammi Ali avait plusieurs raisons de penser ainsi. Dans son quartier, il a vu, au fil des jours, des commerces pousser comme des champignons et se multiplier comme si on les avait clonés.
Son premier voisin avait transformé une des pièces de sa maison donnant sur la rue en magasin pour alimentation générale. Quelques jours après, plusieurs ont fait de même...
Un autre, usant de la même pratique, a aménagé sa salle de séjour, transformant une des fenêtres en porte, en un petit salon de thé. D'autres ont fait de même quelques jours après...
Un gargotier... des gargotiers. Un KMS... plusieurs KMS. Une boutique pour produits cosmétiques... une dizaine d'autres boutiques dans le quartier. Une table de vendeur de cigarettes pour le petit qu'on venait de renvoyer de l'école... de nombreuses tables presque identiques agrémentaient les trottoirs.
"C'est formidable, cette capacité d'imitation dont font preuve les gens de chez nous", se dit Ammi Ali, l'esprit traversé, soudainement, par une idée géniale. Une capacité à exploiter, à faire fructifier.
Il décida, donc, d'ouvrir, à son tour, une librairie, fermement convaincu que d'autres allaient en faire de même. "Avec quelques librairies dans le quartier, pensait-il, on va participer à faire revivre la culture qui se meurt". Des jours passent, puis des mois, et encore des années...
Ammi Ali n'arrivait pas à comprendre pourquoi il restait le seul, dans le quartier, à tenir un commerce sans aucun autre concurrent.
El-Guellil - 10 mai 05

 
A titre d'exemple, une fenêtre a été transformée en porte et la pièce est devenue salon de coiffure. La fenêtre restante a été réduite et grillagée à la mode musulmane. Au dessus de la porte le fronton a disparu, pendant les travaux.
Photo : mai 2005

 

Voici dans quel état se trouvait cet appartement "avant".
Adresse : 7 rue d'Ulm à Oran (aujourd'hui, rue de Blida)

Les sites et monuments historiques classés
 
 
(Il est à remarquer que tous les efforts de préservation des sites du Vieil Oran ont été réalisés lors de la présence Française)

Désignation

Localisation

Date de Classement

Abri Alain

Grotte des carrières d’Eckmuhl (Préhistorique)

Dans le ravin d’Eckmuhl, au nord des fours à chaux, non loin du dépôt de dynamite de la maison Cabrol

16/06/1952

Grotte du cuartel préhistorique

Sise dans le bassin de Noiseux, sur le flans est du Murdadjo à la hauteur des fours à choux d’Eckmuhl

23/03/1954

Mosquée Med El Kebir

Rue Diffilah Oran

24/12/1903

Mosquée du Pacha

Rue Benamara Boutkil Oran ex rue Philippe

06/08/1952

Minaret du Campement

Place de la Perle Sidi El Houari

Liste 1900

Maison du Bey campement

Rue Benamara Boutkil ex rue Philippe

23/12/1954

Porte du château Neuf (Espagnol)

Rue Meftah Kouider

29/12/1909

Pavillon de la favorite

Au sein du palais du Bey

23/07/1952

Mosquée Sidi Med El Houari et dépendance

Les planteurs lieu dit Bab El Hamra

29/12/1906

Porte de la manutention

Rue J.F Kennedy Pêcherie d’Oran

26/11/1907

Ecusson Espagnol

Mur EST de l’enceinte du Château Neuf

23/07/1952

Tambour San José

Sidi Brahim El Tazi ex rue des Jardins

02/01/1952

Fontaine de la place Emerat

Rue des frères Dahi

02/01/1952

Porte du Santon

Rue du petit Santon Sidi El Houari

06/08/1953

Porte de Canastel

Rue Boudali Hasni ex Place Kleber

06/08/1953

Posada Espanola

Rue des frères Dahi

23/02/1954

Chapelle de Santa –Cruz

Au sommet du Mont de Murdjadjo

06/10/1950

Inscription arabe et espagnole au dessus de porte du Château Neuf

Rue Meftah Kouider

21/10/1950

Echauguette d’angle de l’enceinte du Château Neuf  Forteresse du Château Neuf   23/07/1952
 Promenade de Létang  Actuelle Ibn Badis   23/07/1952
 Site du Murdjadjo  Mont Murdjadjo  06/10/1950
Cimetière des Cholériques

Ravin de Ras El-Aïn

 23/07/1952

 
 
 

La Maison Hassan
 

Au commencement de 1830, la province d'Oran formait un des trois beylicks de la régence d'Alger.
A Oran résidait le bey Hassan, (bey depuis 1817, ayant succédé à Ali-Kara-Barli (1812-1817) mort étranglé) ayant sous ses ordres des lieutenants établis à Mostaganem, à Mascara et à Tlemcen.
 
 
 
Les tribus arabes étaient désorganisées et continuellement en guerre de voisinage ; la plupart d'entre elles reconnaissaient la domination turque, mais n'attendaient qu'une occasion pour secouer ce joug. Elles relevaient de l'agha des Douairs ou de celui des Zmélas, tribus qui étaient à la tête du Maghzen, c'est-à-dire investies du commandement, de l'administration et de la police du pays.

La prise d'Alger par les Français fut un coup de tonnerre qui répandit la stupeur dans la contrée ; mais pour les Arabes, c'était l'heure tant désirée de la révolte et leurs masses s'ébranlèrent pour achever le renversement de leurs tyrans.
A la nouvelle de l'entrée des Français dans Alger, les Arabes s'étaient rués sur Oran, et ne pouvant forcer les remparts, ils bloquaient hermétiquement la ville. La situation du bey était critique et périlleuse. Les chefs du Maghzen l'engagèrent à abandonner Oran et à aller porter le siège de son autorité à Mascara. Hassan, démoralisé, prit aussitôt ses dispositions pour sortir de la ville.
Déjà un immense convoi de chameaux franchissait les remparts, portant toutes les richesses du bey, son mobilier et le trésor du beylick, lorsque les habitants, furieux,
entourèrent Hassan en proférant des menaces de mort et l'obligèrent à renoncer à son projet.
 
 
 
 
La Maison du barbier Hassan.
 

Ce fut alors que désireux de sauver les débris de sa fortune, le bey sollicita la protection de l'autorité française. Le maréchal comte de Bourmont envoya son fils aîné, capitaine d'état-major, pour recevoir le serment d'obéissance du bey. Louis de Bourmont arriva le 24 en vue d'Oran. Il fit connaître au bey l'objet de sa mission, avec promesse de respecter la religion, les usages et les habitants du pays.

Hassan envoya deux Turcs, pour signifier qu'il était prêt à se soumettre à l'autorité de la France, mais qu'une partie des membres de son divan l'avaient abandonné pour grossir les rangs des Arabes révoltés contre lui. Réduit à se défendre dans son palais avec sept ou huit cents Turcs, le bey sollicitait vivement l'appui des troupes françaises.
Les deux envoyés turcs ajoutèrent que pour rendre les communications plus faciles, il serait bon que la station française vint mouiller dans le port de Mers-el-Kébir. Trois bricks allèrent aussitôt jeter l'ancre devant les batteries du fort. Cent marins s'élancèrent à terre et prirent le fort, sans un coup de feu.
Le lendemain, les deux Turcs apportaient au fils du maréchal la reconnaissance de la souveraineté de la France par le bey.

Le 29 juillet, le capitaine de Bourmont retourna à Alger chercher des troupes, laissant ses marins dans le fort de Mers-el-Kébir, soutenus par la présence en rade des deux bâtiments.
Le 13 août, l'expédition comprenant les troupes destinées à protéger notre nouveau vassal arriva devant Mers-el-Kébir. Une délégation se présenta au bey et fit, accompagnée de plusieurs Turcs, la reconnaissance de tous les forts de la ville et des environs, pour déterminer ceux qui devaient être occupés par une garnison française.

Mais la nouvelle des événements de juillet et de la révolution qui venait de renverser Charles X contraint l'expédition à rentrer à Alger. Le colonel Goutfrey abandonnant le fort de Mers-el-Kébir, en fit sauter les fortifications du côté de la mer. Avant de s'éloigner, il offrit au bey de l'emmener, comme il en avait manifesté le désir, mais Hassan répondit qu'il espérait contenir les Arabes et les amener à la paix ; il assura qu'il resterait le fidèle sujet du roi de France. La frégate l'Amphitrite fut laissée à sa disposition, pour qu'il pût quitter Oran si la nécessité l'y obligeait.

Le départ précipité de nos troupes, interprété par les Arabes comme un défaut de persistance et de courage, ne fit qu'accroître leur confiance et leur audace contre les troupes du bey.
Le bey d'Oran, fort avancé en âge, sans énergie, ne pouvait prendre aucune mesure de vigueur ;
abandonné de la plupart des tribus, il ne lui restait que les habitants de la ville et quelques Turcs, sur la fidélité desquels il n'osait même plus compter. Aussi, est-ce avec une vive satisfaction, qu'il vit arriver une deuxième fois les Français devant Oran.

Le général Denys de Damrémont, avec le 21è de ligne, arriva le 13 en rade de Mers-el-Kébir, s'y installa le lendemain et prit possession du fort Saint-Grégoire trois jours après.
La fin de l'année 1830 le trouva encore dans l'occupation restreinte de ces deux points et nullement décidé à pénétrer dans la place, soit qu'il attendît un moment favorable pour opérer l'occupation sans effusion de sang, soit qu'il n'eût pas des instructions suffisantes pour organiser le gouvernement de la ville et pour régler sa conduite vis-à-vis du pouvoir qu'il avait mission de déposséder.

A Oran, pendant ce temps, l'exaspération des habitants était à son comble : ils criaient à la trahison et se répandaient en menaces contre le bey et en imprécations contre nos soldats qu'ils juraient d'exterminer. Des appels au pillage et à l'incendie grondaient de toutes parts.
Hassan, tremblant pour sa vie, envoya par mer, à Mers-el-Kébir, l'agha des Douairs Mustapha, et Hadj-Morcelli. Ils supplièrent le général Damrémont de prendre possession de la ville, s'il ne voulait pas la voir livrée au carnage et devenir la proie des Marocains qui s'avançaient chaque jour de plus en plus vers l'est. Ils lui firent observer que les cavaliers du Maghzen étaient sortis pour reprendre des troupeaux enlevés par Mouley-Ali, et qu'il fallait profiter sans retard de cette occasion pour éviter toute effusion de sang.

Le lendemain au matin, 4 janvier 1831, la colonne française se mit en marche et, après une fusillade insignifiante et peu meurtrière qui eut lieu avec des Arabes, entre le fort Saint-Grégoire et la porte du Santon, elle fit son entrée dans Oran au milieu du plus morne silence. Seule la population juive accueillit nos soldats comme des libérateurs, car les massacres devaient commencer par elle.
Toutes les familles riches des Douairs et Zmélas, qui ignoraient les projets ultérieurs de Français et qu'on n'avait pas cherché à rassurer sur les suites de cette prise de possession, évacuèrent la ville pendant la nuit et se retirèrent dans leurs tribus.

Le vieux bey Hassan s'embarqua trois jours après avec ses femmes et sa suite pour Alger, où il fut reçu avec beaucoup d'égards. Il se rendit ensuite à Alexandrie et de là à la Mecque, où il mourut.
 
 
 

La place de la Perle
 
Une peinture de Henrique

La place de la Perle, ancienne place d'Armes "plaza de Armas" était le centre de la ville espagnole. Les maisons portant les numéros 2, 3 et 4, face au "Campement", remontent au XVIIIè siècle. Leurs boutiques s'ouvrent encore sur le dehors par de larges baies arrondies qui proviennent des portiques que fit édifier en cet endroit le gouverneur D. Eugénio Alvarado en 1772.
Particulièrement caractéristiques sont le couloir d'entrée et la cour du n° 3, ainsi que la maison enjambant sur une voûte la pittoresque petite rue Charras

En 1772, il y avait là l'administration des tabacs et les boucheries. On abattait et on dépeçait les animaux dans la partie voûtée du dessous. Quatre pièces au rez-de-chaussée servaient au débit de la viande, une cinquième pièce au pesage.

Mais Tabalosos nous apprend que deux ans plus tard, ces dernières avaient été transférées sur la place du Marché , et qu'un bâtiment devant contenir tous les services publics de la ville était en construction sur la place d'Armes.
Dans cet édifice étaient prévus un cachot et une prison. Ce qui expliquerait l'existence des cellules en pierre de taille qui se trouvent dans la cave d'une maison attenante à la place de la Perle, rue Honscoot. Une légende oranaise qui paraît sans fondement sérieux, veut que ce soient des cachots de l'inquisition.
Nota : le tribunal épurateur n'a jamais siégé, ni condamné et torturé personne à Oran.
D'après "Ce qui subsiste de l'Oran espagnol" par A. PESTEMALDJOGLOU
Revue Africaine (N° 368 et 369) 3ème et 4ème trimestres 1936.

Elle est devenue place de l'Hôpital sur les plans, mais il a été impossible de trouver la date à laquelle cette place est devenue Place de la Perle.

Dans cette place avait lieu la parade de la garde.

Lorsque la ville s'étendit en dehors et franchit le ravin, vers 1732, rien ne fut modifié dans la vieille ville. Le quartier qui s'édifia à cet emplacement fut appelé "Quartier de la Marine" avec la place centrale et la chapelle " del carmen ".
 
 
   

En 1832, le centre de la Blanca était toujours la place de l'Hôpital…

Henri-Léon Fey, historien d'Oran, raconte que le café de la Perle existait sur cette place de l'hôpital et est peut-être à l'origine du nom de la place.

En réalité, l'ancienne Plaza de Armas de la ville espagnole, a été rebaptisée ainsi du nom de la corvette qui faisait la navette entre Oran et Alger en l'absence d'une route terrestre. Elle avait fait naufrage au large d'Oran.

 

1862 : Percement du tunnel entre la rue de l'Arsenal et la place de l'Hôpital

   
Ce percement fut appelé passage Boutin. Dans les années 2008-9 il fut bouché, puis repercé.
et la place de la Perle fut nettoyée

Une plaque apposée sur une façade par les Espagnols atteste l'ancienneté de cette place.

   

Inscription datant de1772.. Relatée dans Fey p 181
 
Voir aussi dans contes et légendes : la bataille de la Perle (une légende décalée) par Henri Martin du forum familiaoranaise
 
 

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