- La vieille Kasba (Alcazzaba) ou Castillo Viejo,
premier ouvrage de la Ville, datant de son origine en 903 et
reconstruit en 1509, domine du S. au S. O. la Blanca et la Marine.
Aucune inscription, aucun vestige d'architecture ne peuvent faire
assigner une date certaine à la fondation primitive de
cette forteresse. Elle remonte vraisemblablement à l'origine
même de la ville. Oran devait, en effet, comme toutes les
autres villes du Maghreb, être protégée par
des travaux de défense dont la Kasba était le couronnement.
Le promontoire dominant la cité et entouré de deux
ravins profonds en désignait l'emplacement.
- En 1509, après la prise d'Oran,
le gouverneur arabe en remit les clefs au cardinal Ximénès.
Ces clefs sont aujourd'hui conservées au Musée
archéologique national de Madrid. (Cf : Esquer, Iconographie
historique de l'Algérie, planche III, n° 9).
- Ce sont le seul reste de la Casbah
antérieure à la conquête des Espagnols :
Ceux-ci la reconstruisirent de fond en comble. Il paraît
même que ce fut avec une économie dont le secret
est perdu aujourd'hui. L'inscription suivante placée à
l'entrée Est de la Kasba en fait foi :
-
- EN EL ANO D. 1589
SIN COSTAR A SU MAGESTAD MAS QUE EL
VALOR DE LAS MADÈRAS HIZO ESTA OBRA DON PEDRO DE
PADILLA SU CAPITAN GENERAL I JUSTICIA MAYOR DE ESTAS
PLAZAS POR SU DILIGENCIA I BUENOS MEDIOS
-
- "L'an du Seigneur 1589, don Pedro
de Padilla, capitaine général et, grand justicier
de ces places, fit construire cet édifice sans autres
frais pour Sa Majesté que la valeur des bois."
-
- Pendant la première occupation
turque Bou Chelagram y établit sa résidence ; les
bâtiments Nord qui regardent la ville doivent lui être
attribués. Le tribunal militaire serait son ancien harem.
Au XVIIIè siècle, les Espagnols y firent de grands
travaux de défense et bâtirent dans la partie supérieure,
le palais du gouverneur, les services du gouvernement et un quartier
pour la troupe, tous détruits par le tremblement de terre
de 1790.
- Un des bastions N. de la Kasba regardant
la ville, le bastion des artilleurs, baluarte de los artilleros,
aujourd'hui démantelé, porte engagée dans
sa maçonnerie une longue inscription tronquée par
les balles turques et sur laquelle on lit le nom de Charles II
et celui de Requesens, baron de Castel-Viros, gouverneur d'Oran
de 1665 à 1682, qui fit construire les remparts de la
Kasba, du côté de la ville.
Bou-Chelar'em habita la Kasba pendant 24 ans, jusqu'en 1732.
Trois inscriptions, placées dans trois cours différentes,
mentionnent les travaux qu'il fit exécuter pour la construction
de deux bains et d'un magasin. La Kasba se divisait alors en
deux parties bien distinctes : le palais proprement dit, demeure
des gouverneurs espagnols, habité également par
Bou-Chelar'em, situé dans la partie haute et comprenant
des hôtels, une chapelle, une ménagerie; la partie
inférieure renfermait le casernement militaire et civil,
l'arsenal et la poudrière ; la partie centrale, dont le
local est affecté au conseil de guerre, était occupée
par les femmes du bey.
Bou-Chelar'em dut abandonner Oran et la Kasba, devant les troupes
du comte-duc de Montemar, en 1732.
Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1790, la haute Kasba, ébranlée
par un tremblement de terre, croula de toutes parts, couvrant
de ses débris une partie de la ville. Mohammed-el-Kébir
accourut alors de Mascara pour prendre Oran et tenta vainement
de s'emparer de la Kasba ; ce ne fut qu'à la suite de
négociations qu'il entra plus tard dans la ville et dans
les forts.
Après 1831, la vieille Kasba a servi de caserne ; mais
le palais des gouverneurs espagnols et de Bou-Chelar'em n'a pas
été relevé.
La Kasba communique avec la ville au moyen de deux portes dont
l'une correspond à l'ancienne voirie et l'autre à
une rue carrossable ouverte par le génie.
-
- L'enceinte de la Casbah est de forme
triangulaire, avec angle ouvert du coté de la ville. La
partie fortifiée vers la campagne comprend deux systèmes
de défense superposés ; le plus ancien se composait
d'une muraille flanquée de place en place de grosses tours
rondes ; à quoi les Espagnols ajoutèrent au XVIIIè
siècle un certain nombre d'ouvrages avancés. Parmi
ces derniers signalons "la Campana" (La cloche), tour
située à l'extrémité Sud, et qui
servait à relier la ville aux forts de Saint-Grégoire
et de Santa-Cruz par un système de signaux.
En avant de la Campana, fut édifiée, au XVIIIè
siècle, une tenaille double. (On appelle ainsi une fortification
présentant vers la campagne un angle saillant encadré
de deux angles rentrants.)
De ce coté, la défense était complétée
par les deux fortins de San-Pedro et de Santiago,
situés le premier au Sud-Est sur le mamelon de la Teneria,
le second au Sud-Ouest sur le mamelon de la Palomera et aujourd'hui
ruinés. (On appelle souvent le fort San-Pedro la lunette
de la Campana. Certains auteurs l'ont pris pour l'ouvrage de
la Campana lui-même). Reconstruits par Vallejo, ils étaient
de forme pentagonale avec fossés et glacis. Dans le fossé
de Santiago s'ouvrent deux ou trois entrées de souterrains.
Au-dessus de la porte on distingue encore le cadre qui contenait
l'inscription de 1737 rapportée par Sandoval .(On appelle
souvent le fort San-Pedro la lunette de la Campana. Certains
auteurs l'ont pris pour l'ouvrage de la Campana lui-même.
Ce qui est moins explicable, on a confondu le fort Santiago avec
la lunette Saint-Louis, aujourd'hui complètement disparue,
et qui se trouvait à l'Est du fort Saint-André,
vers l'entrée du boulevard Joseph Andrieux.)
- Le fort de Santiago
Une muraille partant de ce fort pour rejoindre la faille au dessus
du jardin Welsford, barrait la colline de la Palomera, dont l'extrémité
inférieure était d'autre part défendue par
la Redoute Rouge.
Sur la face Est on remarque le bastion ou ravelin de Saint-Jacques
encore orné sur deux de ses faces d'écussons ;
puis le petit bastion d'El Rosario (du Rosaire) qui rejoignait
la porte de Tlemcen.
Si l'on pénètre dans la Casbah par la rampe qui
part de la place des Quinconces, après avoir passé
entre deux murailles jointes de temps en temps par de petits
arceaux, on atteint la tour connue sous le nom de porte d'Espagne,
mais que ne mentionnent point les anciens documents. L'ornementation
sculpturale de la tour d'Espagne se composait de trois registres
superposés, encadrés de colonnes cannelées
et de pilastres. La tour d'Espagne était vraisemblablement
au XVIème siècle l'entrée de la citadelle,
en admettant que les Turcs, sous Bou Chelagram, aient édifié
le bâtiment actuel de façade en retrait d'une ancienne
construction espagnole.
La porte d'entrée de la Casbah est surmontée d'une
des trois inscriptions turques citée par Fey, qui commémorent
respectivement la construction de deux bains et d'un magasin
aux environs de 1720. A l'intérieur, aucun bâtiment
espagnol ne subsiste.
-
- Le Château-Neuf (1347)
-
- Vue d'ensemble
|
- Pointe du chateau-neuf et pavillon
de la Favorite
|
-
- Autre vue de la pointe du Château-Neuf avec
le pavillon de la Favorite
-
-
- Deux vues du château-neuf.
- Dans celle du dessous (2007) on peut voir l'envahissement
des constructions aux pieds des murailles.
-
-
-
- L'ancien château de Rosalcazar aujourd'hui appelé
Château-Neuf, était le plus vaste de l'Oran espagnol.
Les hautes murailles de son enceinte dominent à l'Ouest
la place de la République, au Nord la promenade de Létang,
à l'Est la promenade du Petit Vichy, et suivent au Sud
la rue du Cercle militaire et l'avenue du Château-Neuf.
Elle englobe les deux ouvrages avancés construits au XVIIIè
siècle pour protéger les faces de l'Est et du Sud
qui étaient les plus exposées, à savoir
le Ravelin de Saint-Ignace et le Ravelin Neuf.
En dépendaient également le fort de Ste-Thérèse,
qui était situé sur un éperon rocheux au
dessus de la plage du même nom, et fut démoli récemment
lors des travaux d'agrandissement du port, et le fort Saint-Michel,
à l'Est du ravin du Petit Vichy.
-
- L'enceinte de Rosalcazar renferme le plus ancien édifice
d'Oran, le donjon qui en occupe l'angle Nord-Ouest. Les Espagnols
l'appelaient "le donjon des Maltais" ou "les tours
des Maltais", car une tradition incontrôlable en attribue
l'origine à l'ordre de Malte, une
commanderie maltaise de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem,
autorisée à s'établir sur ce point de la
côte, ce qui paraît peu probable.
- Il est plus vraisemblable, comme le pense M. Lespès,
qu'il fut bâti vers 1347, date de son passage à
Oran, par le sultan mérinide de Fès, Abou Lhassen,
grand conquérant et grand constructeur, à qui on
doit entre autres la mosquée de Sidi Bou Médine,
et qui aurait aussi jeté les fondations du fort de Mers-el-Kébir.
-
-
C'est une construction de forme étoilée à
trois grosses tours séparées par trois courtines.
Ces tours apparentes seulement à l'extérieur, font
corps avec le reste du bâtiment; leur hauteur ne dépasse
pas le niveau des courtines. Au milieu se trouve une cour rectangulaire
sous laquelle est creusée une vaste citerne mentionnée
par Hontabat et encore en usage actuellement. Au Sud de la cour
d'entrée un souterrain éboulé dont on ignore
la destination ; au sommet du bâtiment, un chemin de ronde
intérieur permettait aux défenseurs de circuler
à l'abri et hors de vue.Les murs ont deux mètres
d'épaisseur ; aucune inscription, aucun détail
ornemental ne permettent d'identifier d'une façon certaine
l'origine du donjon. Ces tours constituaient,
avant l'expédition de Ximénès, le seul ouvrage
commandant Oran, sur la rive droite de l'oued-Rehhi. A l'Est
il y a une quatrième tour moins haute, et se terminant
au sol par un glacis pareil à une énorme excroissance.
Dans l'état actuel des lieux on ne comprend pas quel en
était l'usage. Elle devait se rattacher à d'autres
constructions maintenant disparues.
-
- Toujours est-il que l'ensemble de ces
travaux était connu sous le nom de Bordj-el-Mehal, le
fort des Cigognes, et Bordj-el-Ahmar, le fort Rouge, dont les
Espagnols firent Rosas-Cajas, "les maisons rouges"
devenues Rosalcazar. (Ce mot viendrait en réalité
de l'arabe " ras el cacer" (tête de la forteresse).
Le premier gouverneur espagnol établit son quartier à
Bordj-el-Ahmar ; d'autres travaux d'agrandissement, commencés
en 1563, après la retraite du pacha Hassen-ben-Kheir-ed-Din,
furent continués jusqu'en 1701 ; cette dernière
date est consacrée par une inscription surmontée
de l'écusson royal d'Espagne, portant les noms de Philippe
V et du marquis de Casasola et placée sur la face droite
du demi-bastion de gauche, dans le front qui longe le ravin.
Bordj-el-Ahmar était devenu par ces travaux le Château-Neuf
; sa prise par les Turcs en 1708 suivit de près celle
d'Oran, et les cinq cents hommes qui le défendaient furent
faits esclaves.
Une inscription placée sur la porte d'entrée du
Château-Neuf rappelle que, "sous le règne
de Charles III et sous le commandement de don Juan Martin Zermeno,
on fit cette porte, on construisit les voûtes pour le logement
de la garnison, et l'on réédifia le château
en ce qui concerne la partie qui regarde la mer."
Une deuxième inscription en arabe, placée au-dessus
de la précédente, donne l'année de la reddition
d'Oran par les Espagnols en 1791, reddition obtenue par le bey
Mohammed-el-Kebir.
- Le Château-Neuf devint la résidence
des beys d'Oran. Le pavillon destiné au harem était
un séjour aérien, situé au point culminant
du château. Le bey, du haut de ce joli kiosque, plongeait
son regard dans toutes les maisons placées sous ses pieds
et étendait ainsi sur la ville son invisible surveillance.
Un jardin de roses et de jasmins séparait ce pavillon
du corps du palais, dans l'intérieur duquel étaient
deux parties bien distinctes : l'une, l'habitation du bey, l'autre,
palais proprement dit, où il trônait en souverain
absolu. Une galerie couverte les mettait en communication.
A droite de la porte d'entrée du Château-Neuf,
surmontée de deux inscriptions superposées, l'une
espagnole de 1765, l'autre turque de 1792, on voit les neuf voûtes
d'une construction solide et élégante élevée
vers 1770 pour servir de logement à la troupe.
En face, chose assez rare, des latrines portent une inscription
de 1769 récemment remise à jour.
Dans la cour, à l'Est, se trouve la porte d'une large
galerie souterraine voûtée en pierre de taille,
ou poterne, qui menait au fossé du château.
Les autres bâtiments anciens à l'intérieur
du Château Neuf sont turcs, ou bien remaniés par
les Turcs.
-
-
- Le fort de Lamoune (1518)
-
-
-
-
-
- Le fort Lamoune, sur le cap rocheux
par lequel l'Aïdour se termine dans la mer, fut élevé
sur l'emplacement même des magasins de Ben Zouaoua, par
D. Diego de Cordova (Le seul monument épigraphique qu'on
pouvait y lire, portait la date de 1563, l'année peut-être
de travaux de réédification).
- Le fort de la Moune, de la Guenon,
Castilla de la Mona, est ainsi appelé à cause de
bandes de singes qui en auraient occupé les environs (interprétation
contestée) ; il est connu également sous le nom
de Bordj-el-Ihoudi, le fort du juif, que lui ont donné
les indigènes, pour éterniser la trahison d'un
juif nommé Ben-Zouaoua, d'après Marmol Cetorra,
qui, d'accord avec D. Diego de Cordova, aurait facilité
la prise d'Oran par les Espagnols, en introduisant nuitamment
une partie des troupes dans ses magasins situés près
d'une des portes de la ville, sur le bord de la mer.
Le fort de la Moune fut emporté d'assaut et sa garnison
passée au fil de l'épée par les Turcs de
Bou-Chelar'em en 1708. Le comte de Montemar le fit restaurer
en 1732.
-
-
- Le fort Saint-Thérèse
(1557)
-
- Situé au N. E. du Château-Neuf
et surveillant la plage de Karguenta, ce fort aurait été
bâti par le comte d'Alcaudète en 1557-1558. Il a
été reconstruit de 1737 à 1738 par don José
de Vallejo. C'est dans ce fort que Othman-ben-Mohammed, 27è
bey, déposa toutes ses richesses lorsque, pour échapper
à la mort, il voulut prendre la fuite par mer. Othman,
devint plus tard bey de Constantine et périt chez les
Kabiles de l'oued-Zehour.
La batterie du Petit-Maure, el Morillo, ou de Santa-Anna,
placée au-dessous de la promenade du Château-Neuf
et armée de quelques pièces de canon pour la défense
de la côte, a été élevée de
1740 à 1741 sous don José Vallejo. La batterie
santa Anna sert actuellement de belvédère à
la promenade de Létang.
-
-
- Le fort San-Miguel,
- qu'il ne faut pas confondre avec le
fort du même nom, situé au-dessus de Mers-el-Kebir
et ruiné par Hassen-ben-Kheir-ed-Din, commandait le ravin
qui sépare Oran de Karguenta, à l'est du Château-Neuf,
Le fort San-Miguel, qu'on appelait encore Bordj-el-Francès,
bâti en 1740, a été démoli par Mohammed-el-Kebir,
en 1791.
-
- Le réduit Sainte-Barbe,
- placé à l'angle que fait
le mur d'enceinte entre le Château-Neuf et le fort Saint-André,
c'est-à-dire à 400 mètres de l'un et de
l'autre, a été construit en 1734, sous le gouvernement
de D. José Vallejo ; il a probablement remplacé
un autre ouvrage désigné sous le nom de Tour Gourde,
sur le plan de 1707. Le réduit de Sainte-Barbe servait
de prison préventive pour les indigènes.
-
- Le fortin ou lunette Saint-Louis,
- à droite de la route de Tlemcen,
et à 200 mètres du fort Saint-André, a été
construit en 1736, sous le règne de Philippe V, par D.
José Vallejo, ainsi que le constate la longue inscription
latine que l'on peut lire sur la porte d'entrée de cet
ouvrage.
-
-
- Les fortifications qui entourent
Oran se répartissent en deux groupes : celles qui dominent
le ravin à l'Est, dont les principales étaient
les châteaux de Saint-Philippe, Saint-André et Rosalcazar
; et celles de l'Ouest, bâties sur le pic de l'Aïdour,
les châteaux de Santa-Cruz et de Saint-Grégoire.
(Les châteaux
"Castillos" au nombre de cinq, avaient chacun un gouverneur,
ordinairement du grade de lieutenant-colonel. Un certain nombre
de forts détachés, de batteries et de postes dépendaient
de chacun de ces cinq châteaux.)
- L'ancien château Saint-Philippe,
- ou fort des Beni-Zeroual, édifié
d'abord au XVIè siècle a été construit
sur l'emplacement du château des Saints, Castillo de los
Santos ; élevé par le marquis de Comarès,
après la prise d'Oran, sur un des points culminants des
mamelons ravinés qui entourent Oran, et dont la prise
par Hassen-Corso, en l556, et la destruction par Hassen-ben-Kheir-ed-Din,
en 1563, avaient démontré la nécessité
d'un ouvrage moins exigu ou moins vulnérable.
Bou-Chelar'em, chassé d'Oran en 1732, revint à
la fin de cette année pour reprendre la capitale de son
beylik ; son attaque se porta principalement sur Saint-Philippe,
mais il dut se retirer devant le courage des défenseurs.
- Les assauts de Mohammed-el-Kebir, repoussés
en 1791 par les gardes wallones au fort Saint-Philippe, ont rendu
célèbre le nom du chevalier de Torcy. A l'attaque
du 18 septembre 1791, le contingent des Beni-Zaroual du Dahra,
fut presque anéanti dans une lutte entre le bey de Mascara
et les Espagnols, et c'est depuis ce combat que le fort de Saint
Philippe reçut le nom de Bordj-Beni-Zeroual, qu'il conserve
encore chez les indigènes. " (L. Fey.)
Le fort Saint-Philippe, démantelé par ordre du
pacha d'Alger après la capitulation d'Oran en 1791, a
été réparé depuis notre occupation.
- Les ruines qui recouvrent la poudrière
du camp Saint-Philippe donnent une idée de la perfection
et de la solidité de la construction espagnole où
se mêlaient pierres et briques. Une butte élevée
à l'Est figure l'ancien cavalier. (On appelait cavalier
un tertre dominant les remparts de l'intérieur, et où
l'on plaçait de l'artillerie).
- Des deux fortins qui flanquaient le
château Saint-Philippe au Sud, l'un San-Carlos,
en bordure de la route de Tlemcen, a fini de disparaître.
- L'autre dont on trouve les ruines en
avant de Saint-Philippe, est San-Fernando ou Bordj-Bou-Benika,
nommé également Bordj Ras-el-Aïn. Il avait
été construit par le comte d'Alcaudète,
de 1557 à 1558, après l'expédition d'Hassen-Corso,
et fut détruit lors de la prise d'Oran, en 1708. Ses voûtes
ont été converties en maison d'habitation.
-
- Dans le fossé on trouve une
ouverture donnant accès à trois souterrains qu'il
est difficile de suivre longtemps à cause de la bassesse
des voûtes et des ramifications continuelles. Hontabat
appelle cela le labyrinthe. "Ces conduits, dit-il, sont
destinés à rencontrer partout l'ennemi de manière
à être toujours en état de le faire sauter".
Et cela, au moyen de fourneaux de mines, comme il l'explique
ailleurs.
Du château Saint-Philippe au château Saint-André,
une muraille continue longeait le ravin ; des vestiges en subsistent
dans le camp Saint-Philippe.
-
- Le château Saint-André
(1693)
-
-
- La forteresse de Saint-André
était polygonale à douze pointes avec plateforme
intérieure rectangulaire avec six bastions. Il était
prévu de nouveaux bastions, des ravelins et des batteries
ainsi qu'un réduit indépendant avancé.
- Elle est considérée comme
fondamentale dans l'ensemble défensif oranais et devint
un des chefs-d'oeuvre de l'architecture militaire espagnole de
l'Ancien Régime. Le 4 mai 1769, il fut détruit
par la foudre qui était tombée sur la poudrière
et avait fait sauter 1712 quintaux de poudre. Toute la garnison
avait été tuée, (trois compagnies du régiment
de Zamora) sauf le gouverneur, sa femme, sa fille et un capitaine
qui avait été enseveli sous les décombres
pendant 8 heures.
- En 1772, on prévoyait une forteresse
pratiquement indépendante, capable à elle seule
de soutenir un siège isolé. Un passage souterrain
reliait Saint-André avec le château Saint-Philippe.
- Tiré des "Plans
et cartes hispaniques de l'Algérie (XVIè-XVIIè
siècles)" Faculté de lettres de Murcia
-
-
- Appelée couramment porte
de la poudrière
-
- Appelé aussi "Bordj-ed-Djedid",
"le Fort-Neuf", "Bordj-es-Sbahihia", "le
fort des Spahis", il est situé entre le fort Saint-Philippe
et le Château-Neuf. Il a été construit en
1693. Il figure sur le plan portant de 1707, placé entre
le fort Saint-Philippe et la Tour Gourde, et domine le village
d'Yffri ou Yfre, où demeuraient les Maures de paix, dont
il était séparé par l'oued-Rehhi :
Le fort Saint-André a été remis en état
de défense après 1831, pendant le commandement
du général Boyer.
-
- Après le château de Saint-André,
la muraille bordant le ravin continuait jusqu'au Rosalcazar.
Entre les deux se trouvait la redoute de Ste-Barbe (1739) dont
une vue conservée à la Société de
Géographie d'Oran nous restitue l'aspect.
Une autre ligne fortifiée formant angle avec la précédente,
et qui existe encore, celle-là, avec son fossé
et ses guérites de pierres, partait des abords du château
Saint-André et descendait jusqu'au fond du ravin rejoindre
l'enceinte de la ville à la porte de Tlemcen.( Le plan
de 1786 désigne ainsi cet ouvrage : "La linia y el
fossé que sigue hasta la bateria de San Antonio".
"La ligne fortifiée et le fossé qui se continue
jusqu'à la batterie de Saint-Antoine". Cette batterie
a disparu.)
- Le fort de Santa-Cruz, (1698 à 1708)
-
-
-
- Couronnant le sommet du pic d'Aidour,
à 400 mètres au-dessus de la mer, il a pris le
nom du gouverneur D. Alvarès de Bazan y Sylva, marquis
de Santa-Cruz, qui la fit construire de 1698 à 1708. (
Cette paternité est contestée. Il ne s'agit
que d'une similitude de nom. Le fort a été ainsi
appelé parce que sa construction a été entreprise
le jour de la Sainte-Croix.) Les indigènes l'appellent
Bord-ed-djebel, le fort de la montagne, ou bien encore Bord-el-Mourdjadjo,
du nom de cette montagne.Les Arabes disent que, lorsqu'il fut
question de commencer les travaux, on ne savait comment faire
arriver à une si grande hauteur l'eau nécessaire
à la préparation du mortier. Les moyens de transport
faisaient défaut, lorsqu'un chef des Hamian offrit aux
Espagnols toutes les outres de sa tribu dans lesquelles on transporta
l'eau à dos d'hommes.
Il fut pris d'assaut après deux jours de siége,
en 1708, et sa petite garnison, 106 hommes et 6 femmes, fut faite
prisonnière.
Attaqué en 1145, par Bou-Chelar'em, qui en fit sauter
une partie au moyen de la mine, le fort Santa-Cruz tint bon,
et Bou-Chelar'em dut renoncer à ses projets de reprendre
Oran, et battre en retraite sur Mostaganem. Rasé en 1735,
à l'exception du ravelin ou demi-lune que l'on voit encore
aujourd'hui, le fort fut complétement reconstruit, et
terminé en 1738, sous José Vallejo.
Mohammed-el-Kebir le fit miner sans résultat en 1790,
et n'en devint maître que par la reddition d'Oran. Il le
fit démanteler par ordre du pacha d'Alger, qui redoutait
la puissance de son lieutenant. En partie détruit, Santa
Cruz fut restauré de 1856 à 1860.
- En avant du château, se trouve
le ravelin de la Brèche, sur la gauche du côté
de la montagne, construction massive, sans aucune ouverture,
séparée du fort proprement dit par un large fossé,
et d'où devait se porter l'effort principal de la défense.
C'est encore pour interdire l'accès du fort de ce côté
que Vallejo fit creuser le roc en avant du ravelin et tailler
l'arête qui joint le fort au col de Santa-Cruz.
Mais en 1770, Hontabat conçut un plan hardi destiné
à isoler le fort de la Mesata. Il avait commencé
à la mettre à exécution quand les attaques
redoublées des Turcs l'obligèrent à y renoncer
.
A quelques mètres au dessous du château, à
côté de la chapelle, on rencontre les ruines de
la redoute de Santa-Cruz, qui était un poste avancé
de la forteresse.
-
-
- Le fort St-Grégoire (1589)
-
-
- Les Arabes l'appellent Bordj-Hassen-ben-Zahoua,
a été construit en forme d'étoile irrégulière
avec les matériaux et sur l'emplacement d'un château
au sommet duquel, au dire de l'historien Gomez, on voyait briller
pendant la nuit un feu qui rappelait le phare des Grecs. Saint-Grégoire
complétait ainsi avec Lamoune la défense d'Oran
du côté de l'Ouest et gardait en même temps
le chemin de Mers-el-Kebir, qui, à cette époque,
passait à mi-côte du Murdjadjo. L'inscription suivante,
recueillie avec beaucoup d'autres par L. Fey, nous donne la date
de la construction du fort Saint-Grégoire : " L'an
1589, le roi don Philippe II régnant dans les Espagnes,
don Pedro de Padilla, son capitaine général, fit
achever ce château."
A la prise d'Oran en 1708, le fort Saint-Grégoire fut
attaqué par Hassen, khalifa du pacha Mohammed-Baktache,
commandant les Turcs avec Bou-Chelar'em. Ce ne fut qu'après
un siége de 37 jours, et après avoir été
minée trois fois, que la forteresse fut enlevée
d'assaut et son héroïque garnison massacrée
presque entièrement.
On dit que le fort Saint-Grégoire fut occupé par
le général de Damrémont le 16 décembre
1830 ; il a été réparé en 1845. Il
servit de prison militaire.
-
-
- Les Forts de Mers-el-Kébir
Le Fort de Mers-el-Kébir a joué un grand rôle
dans les attaques contre Oran
-
- En particulier un petit fort qui se
trouvait sur la montagne et qui participait à la défense
de Mers-el-Kébir, le fort San Salvador qui a complètement
disparu.
Il fallait prendre d'abord ce fort avant de pouvoir accéder
à celui de Mers-el-Kébir.
Il est simplement cité dans divers ouvrages :
Revue Africaine de 1871 n° 15 : " Le capitaine Balthazar
de Morales qui se distingua et reçut deux blessures dans
la défense du fort de la montagne de Mers-el-Kébir"...
- (Oran, au temps du comte d'Alcaudète)
Dans un vieux guide bleu : "Mers-el-Kébir est accrochée
à l'extrémité d'un promontoire rocheux détaché
du djebel Santon, où s'avance un vieux fort à saillants
obliques et échauguettes".
Voir aussi volume des plans page 211 (fort San Salvador)
|