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(1) Ecartelé : au premier
de gueules à un coq d'argent, la patte dextre levée
sur une boule d'or, au deuxième d'or à une nef
antique de sable, la proue en tête de lion, équipée
d'argent, pavillonnée d'une flamme tricolore de France,
voguant sur une mer ondée d'azur et d'argent, au troisième
de sinople à un croissant d'or surmonté d'une étoile
du même, au quatrième contre-écartelé,
au I et au IV de gueules à une tour d'or, ouverte et ajourée
du champ, et au II et au III d'argent au lion de gueules ; le
tout sommé d'un chef d'azur semé de fleurs de lys
d'or. On peut rapprocher l'étymologie
d'Oran du berbère oued Ouaran, "la rivière
où les lions vont boire". La montagne des Lions,
proche, confirme cette étymologie qui rappelle que l'on
trouvait autrefois des lions dans la région. Ces animaux,
dont deux statues, uvres du sculpteur Caïn, ornent
l'entrée de l'Hôtel de Ville, serviront d'ailleurs
plus tard de support aux armes de la ville. Le blasonnement doit donc vraisemblablement
être rétabli ainsi : Cette version ainsi rétablie
concorde dans les grandes lignes avec une représentation
sans doute gravée au siècle suivant, qu'on blasonne
:
Ces armoiries semblent n'avoir jamais été utilisées par les autorités françaises, qui leur préféreront des compositions plus chargées. La première version des armoiries françaises d'Oran apparaît au fronton de l'hôtel de ville bâti entre 1882 et 1885 (4). Créées à une date inconnue, ces armes peuvent se blasonner comme suit : (4) Ecartelé, au premier d'argent
à un soleil rayonnant cousu d'or se levant sur une mer
d'azur ondée de sable, au second contre-écartelé
de gueules à une tour d'or maçonnée de sable
et ouverte du champ (Castille) et d'argent au lion de gueules
(Léon), à un écusson ovale d'azur à
3 fleurs de lys d'or et à la bordure de gueules brochant
sur l'écartelé ; au troisième d'azur à
un croissant contourné en barre
Le premier quartier montre un soleil
couchant, évocation de la position d'Oran à l'ouest
de la côte algérienne, dont le palmier du quatrième
quartier souligne le climat méditerranéen. Aux
côtés de l'arbre, un marabout renforce l'aspect
naturaliste et paysager de ces armes. Les puissances espagnole
et turque, qui se sont succédé à la tête
de la ville, sont évoquées respectivement aux deuxième
et troisième quartiers. La galère placée
en chef consacre la vocation portuaire d'Oran depuis l'Antiquité.
Il est à noter que les blasonnements publiés de
ces armes omettent systématiquement l'écusson ovale
qui broche sur le contre-écartelé du deuxième
quartier. Il apparaît pourtant bien, chargé d'un
lys et bordé, sur le fronton de la mairie, et généralement
sous la forme d'un disque vide dans les représentations
ultérieures. Il s'agit en fait des armes des Bourbon,
d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la bordure
de gueules, dynastie qui règne sur l'Espagne depuis 1700.
L'écusson est ici placé sur les armes de royaume
de Castille-Léon, dans une version simplifiée :
en réalité, les armes de Castille sont ornées
non pas d'une tour, mais d'un château d'or sommé
de trois tourelles du même et ouvert d'azur. Quant au lion
de Léon, il est en principe de pourpre et non de gueules. (5) Ecartelé, au premier d'argent à un soleil rayonnant cousu d'or issant à dextre d'une mer d'azur ondée de sable, au second contre-écartelé de gueules à une tour d'or maçonnée de sable et ouverte du champ (Castille) et d'argent au lion de gueules (Léon), à un écusson ovale d'azur à 3 fleurs de lys d'or et à la bordure de gueules brochant sur l'écartelé ; au troisième de gueules à un croissant contourné en barre d'or ; au quatrième d'argent à un palmier au naturel sur une terrasse de sinople ; sur le tout, au chef d'argent chargé d'un navire contourné de sable habillé de 2 voiles d'argent voguant sur une mer d'azur. Plus que la version de la mairie, cet écu semble avoir à son tour inspiré un grand nombre de variations dans le détail, qui vont dans le sens d'une suppression progressive de l'écusson des Bourbon d'Espagne. On le voit par exemple sur les Palmarès du Lycée Lamoricière publiés par les éditions Heintz d'Oran ainsi que sur une vignette polychrome qui représente un navire non contourné, et montre dans le premier quartier un soleil levant sur un ciel bleu ciel, tandis que le palmier, de sinople terrassé d'argent, est lui aussi figuré sur un champ d'azur. En revanche, et contrairement à ce qui a été écrit, le navire a les voiles toujours bien gonflées et jamais ferlées. Les nombreuses variantes observées n'altèrent pas le sens général de la composition. Durant les premières décennies
du XXe siècle, ces armoiries suscitent le débat.
Ce n'est pas tant leur complexité qui est en cause que,
probablement, l'absence d'évocation de la présence
française. D'après Théo Bruand, un contre-projet
est envisagé dès 1913. Peintes ensuite au plafond
de la salle du Conseil municipal, les nouvelles armes seront
officiellement approuvées le 29 mai 1936. Décrites
en tête de cette notice, elles conservent des armes précédentes
l'organisation générale en écartelé
sous un chef. Toutefois, la France y tient désormais la
place d'honneur : les fleurs de lys soulignent la conquête
d'Oran sous le règne de Louis-Philippe, tandis que la
galère antique est pavoisée aux couleurs de la
République ! En outre, un coq (gaulois) ayant la patte
dextre posée sur une boule rappelle la puissance coloniale
de la France dominant le monde. (6) Parti, au premier de gueules à un croissant surmonté d'une étoile le tout d'or tourné en bande, au second écartelé de gueules à une tour d'or maçonnée de sable et ouverte du champ (Castille) et d'argent au lion de gueules (Léon), à un écusson ovale d'azur à 3 fleurs de lys d'or et à la bordure de gueules brochant sur l'écartelé ; sur le tout, au chef d'azur à 3 étoiles d'or. Sous la Troisième République,
plusieurs villes françaises qui portaient autrefois des
fleurs de lys dans leurs armes les ont remplacées par
des étoiles plus neutres politiquement. Il est possible
que la présence des trois étoiles sur les armes
d'Oran soit issue de la même volonté de censure
héraldique. Il est à noter, d'ailleurs, que l'écusson
ovale qui devrait accueillir les armes fleurdelysées des
Bourbon d'Espagne est laissé vide. Le lion de Léon,
en outre, est contourné. L'origine de cette composition
demeure un mystère. Sources :
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