MANOEUVRE
MISTRAL
En mars
1966 avaient lieu des manoeuvres sur le terrain pour tester les
enseignements militaires qui nous avaient été dispensés.
Cette manoeuvre appelée "MISTRAL" se passait
dans la région de Béziers et intéressait
toutes les écoles d'officiers de France, autant les écoles
de Coëtquidan que les écoles d'élèves
officiers de l'Armée de l'Air et de la Marine.
Extrait d'un journal local
: le Provençal du 2 mars 1966 :
- Marseille : les manuvres militaires
«Mistral», destinées à entraîner
les élèves des grandes écoles militaires,
- ont débuté hier matin
dans les départements de l'Hérault, du Gard, des
Bouches-du-Rhône, du Var, du Vaucluse et de l'arrondissement
de Forcalquier.
- Sept cents élèves de
Coëtquidan, de l'École navale, de l'École
polytechnique, de l'École de l'air de Salon-de-Provence,
vont mettre à l'épreuve les méthodes et
les procédés permettant de survivre dans un pays
hostile et de s'en évader ou d'accomplir des missions
de sabotage en pays ennemi.
- Quatre-vingt-dix équipes «
d'évadés » et douze commandos, formés
d'élèves, ont été déposés
par camion la nuit dernière en divers points de la région
des manuvres. Ils doivent s'efforcer maintenant d'effectuer
leurs missions en évitant de tomber aux mains du parti
adverse. Celui-ci est représenté par la gendarmerie
nationale, par des éléments des forces de défense
du territoire, qui s'efforceront de les capturer.
- La population a été conviée
à se joindre à cette contre-guérilla en
refusant notamment de cacher des évadés ou des
commandos ennemis et de les renseigner et, d'autre part, en apportant
leur concours aux forces de l'ordre.
- Manuvre longue et harassante
qui s'est achevée le samedi 5 mars par un défilé
à Marseille sur la Canebière.
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- Des commandos étaient déposés
sur le terrain - représentant des équipages d'avions
ennemis parachutés - et avaient trois jours pour détruire
(facticement) des objectifs réels du territoire (Centrales
électriques, par exemple), objectifs qui étaient
protégés par une garde renforcée, le territoire
étant sensé être en alerte orange. Ils se
déplaçaient à pied et n'avaient pour tout
équipement qu'un sac avec du couchage et des rations de
survie, ainsi que leur armement et des explosifs factices qu'ils
devaient mettre en oeuvre réellement sur leurs objectifs.
Cette mise en oeuvre était jugée par des autorités-examinateurs
civils et militaires qui estimaient si la mission était
remplie. Ils se déplaçaient la nuit pour ne pas
être repérés car la population prévenue
par les journaux et la télévision, était
chargée d'alerter la Gendarmerie pour tout élément
suspect. Certains prenaient le risque d'apparaître le jour
pour aller au renseignement sur la position précise de
leur objectif et de leur système de protection en se faisant
passer pour des aviateurs amis abattus à la recherche
des commandos.
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- Les écoles étaient
partagées en deux groupes : d'une part des élèves
formant ces commandos, d'autre part d'autres élèves
mis à la disposition de la Gendarmerie pour rechercher
ces commandos et les empêcher d'exécuter leurs missions.
- Je faisais partie du deuxième
groupe et j'avais le commandement d'un peloton de renseignements,
composé d'un groupe de commandement et de trois groupes
portés, et fortement armés, chaque groupe ayant
en plus de l'armement individuel, un fusil-mitrailleur. (tir
à blanc bien sûr). En tout 18 hommes. Mission :
Quadriller une région déterminée, en recherchant
le renseignement auprès de la population et en installant
des embuscades sur les chemins de passage possibles des commandos.
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- J'eus la chance d'opérer
sur un territoire pas trop difficile à analyser de par
la nature du terrain (Points de passage possibles pas trop nombreux)
les autres étaient soit inaccessibles, soit trop visibles
par la population, soit composés de marais. De plus connaissant
le point de départ des commandos et estimant la distance
parcourue, il n'était pas trop difficile de déterminer
la zone générale où ils pourraient se trouver
la nuit suivante. Des éléments ennemis tombèrent
dans deux de mes embuscades (voir l'article de journal ci-dessous)
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- Cependant près de la moitié
des commandos réussirent leurs missions et les autorités
civiles durent revoir leur copie pour protéger plus efficacement
les installations civiles sensibles.
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- POPULATION ET GENDARMERIE
PARTICIPENT AUX OPERATIONS
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- Je suis au centre
avec le casque. A ma droite, le capitaine de Gendarmerie Heintz
- Légende
: On étudie les opérations devant la cave d'Alignan-du-Vent
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- Des opérations militaires, sous
le nom de " Mistral ", se déroulent dans le
Biterrois.
Ces manoeuvres intéressent les élèves des
grandes écoles militaires qui, déposés par
camion sur divers points de notre région, doivent s'efforcer
de remplir leur mission sans tomber aux mains du parti adverse
constitué par la gendarmerie, qui est chargée de
la recherche des divers commandos.
- La population a été invitée
à donner son aide aux forces de l'ordre en refusant tout
renseignement à ces pseudo-équipages d'avions abattus
en territoire ennemi.
Pour notre région, le P. C. se trouve dans la gendarmerie
biterroise, où le capitaine de gendarmerie Heintz dirige
les opérations.
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- Nous lui avons demandé de
quelle manière nos compatriotes avaient observé
ces opérations militaires.
- " J'ai été étonné
et agréablement surpris, nous dit le capitaine Heintz,
de l'intérêt un peu amusé que la population
a apporté aux manoeuvres " Mistral ". L'esprit
de coopération a été complet et total, et
je remercie tous ceux qui ont collaboré avec nos services.
Je leur demande seulement de nous donner leurs renseignements
avec le maximum de rapidité. Dans la demi-heure ou l'heure
qui suit le repérage, le renseignement est profitable
; quelques heures après, il est inutilisable. Les commandos,
bien que lourdement chargés, se déplacent rapidement
et, comme ils ne le font que de nuit, la recherche est difficile.
Malgré ces difficultés, des éléments
ont pu être arrêtés dans la nuit de mardi
à mercredi, au pont de Tarassac, éléments
qui ont été neutralisés pendant deux heures
avant d'être relâchés pour rejoindre leur
point de ralliement de fin de mission.
D'autres groupes ont été signalés à
Cazedarnes, au pont de Réols, à Lieuran, à
Aigues-Vives, à Oupia, aux verreries de Moussan et à
La Salvetat. Enfin, un commando de vingt-cinq hommes, qui avait
été déposé près de Bédarieux,
est recherché dans la région de Vias.
Les manoeuvres, qui ont commencé mardi, se poursuivront
encore aujourd'hui jeudi et demain vendredi.
- La Depêche du Midi
- Jeudi 3 mars 1966.
- Légende
: Deux braves femmes refusent de donner des renseignements sur
les évadés
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