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Quatre modèles de Margaillons sont apparus épisodiquement à ORAN
 
La première série du "Margaillon oranais" est apparue le Jeudi 29 mai 1919 et est consacrée entièrement au combat éditorial contre le maire de l'époque qui était le docteur Jules Gasser.
 
 
La seconde série au nom de "Le Margaillon"est née le 12 septembre 1934 pour prendre comme cible l'abbé Lambert, le maire du moment. Mais ses propos sont plus incisifs, malicieux et spirituels que ceux de la série précédente. Voir le Margaillon 1934
 
 
Une troisième série qui a repris le nom "Le Margaillon oranais" date d'octobre 1937.
 
Enfin une quatrième série intitulée " Le Petit Margaillon" est sortie épisodiquement en 1945.
 
 

Le premier Margaillon
 
 
 
 En 1919, Le docteur Jules Gasser était maire depuis 1912. Mais comme après la guerre, tout prêtait à une critique facile, on concentra sur la municipalité Gasser le feu des récriminations populaires.
Il se représenta en 1921. Dans son numéro du 14 mai 1921 "Le Petit Oranais" publiait :" Le Conseil d'Etat, par son arrêt du 13 mai, annule l'élection des 11 membres de la liste Gasser élus au premier tour et la totalité de ceux élus au deuxième tour."
Cependant le fidèle lieutenant du docteur Gasser, M Béranger, réussit à passer et assuma les fonctions de maire pendant deux mois, du 13 mai au 16 juin 1921. Ce fut le docteur Molle qui entra alors à la mairie.
Le Margaillon combattit la municipalité du docteur Gasser et milita pour la liste du docteur Molle lors de l'élection suivante. Ayant rempli son rôle, le Margaillon disparut.
 
 
 Chaque numéro est composé de 4 pages. La première est consacrée à une caricature, la dernière à des publicités.
Le texte des autres pages est consacré presque exclusivement à des articles, des poésies, des nouvelles brèves, toutes pleines de hargne et dans un style plus grossier que drôle. Figurent également des textes en langage "local" mi-pataouète, mi-sabir, ce qui est assez à la mode dans les journaux de ce genre.
 
Voyons d'abord à quoi ressemble un numéro.
 
 

Contenu de la première page du n° 1
 

A NOS LECTEURS

Le " Margaillon " est un journal qui, par la simplicité de ses articles, désire tout simplement plaire à la masse populaire.Il fera l'impossible pour défendre les faibles et les opprimés contre une coterie d'accapareurs néfastes, désirant acheter les bonnes volontés et les plumes non expérimentées.Le " Margaillon " a ouvert l'œil, il était temps !!!
Notre organe défendra les Petits et les Démobilisés, c'est tout dire. Il n'est patronné par personne et se rangera sous la bannière des clairvoyants, des justes, et non sous celles des bluffeurs possédant des sommes rondelettes pour les élections prochaines, reliquat des énormes bénéfices réalisés sur les mercuriales qu'ils ont imposé à notre population.
Le " Margaillon ", écorchera vif, en temps voulu, toute cette racaille ; pour le moment ils ne sont pas encore assez gras.
Contentons-nous pour l'instant de respirer, et de vivre cette vie civile, chèrement méritée, et dès qu'ils ouvriront leur sale bec... Alerte aux gaz... !! A l'assaut ! Et nous occuperons la position. F. DELAYE.

 
EL MARGAILLON
A que bous n'sabez pas comment qui s'a formé el çournal d'el Mergaillon ? Tony et Lagagnousse, Fransquitto; Felippe el Tonto, y Bouzian, quatre bons bougres qu'on sé conécé y fait longtemps, on sé trouvé inbités el dernier bal de la Bictoire ousque Felippe et Tonto y sé donnait l' bras à una qué lé diouen la belle Hélène qu'elle s'apportait un estomac bien rembourré : tché ! qué chiqué qui sé faisait pourquoi il abait dansé la valse avec la Préfète dé la Sénia, la tia Palmira !!
Tony el Lagagnousse y s'était déguisé en Peau rouge sénégalais.
On s'est rencontré à l'en trac' au buffet; j'y dis à tousse : Ça y est nous faisons el çournal d'el Margaillon !
Y vingua les tuyaux : D'abord, Tony el Lagagnousse y s'en va trouvé tout d'suite el curé dé Santa-Cruz qui sé proméné joustement à los pinicos per loui démander ça qui pensait del Célibat Eclésiastic
 C'est una question plousqué délicat, répond el curé.
" Ah Ouat' qu'est-ce ça fait ça, si este pougnetéro dé collège y bous autorissait à prendre ùn femme taiba la sauce, y dalé qué dalé ?
 
On inviterait à la noce tous les çoùrnalisses d'el Margaillon, même Bouzian, les zamis Demireille, Féchant, Jeanpolini le barbero, Pueche le scribouillar, foullaud le rupin, tout la magataille des bons vivanto Oranais ; On prendrait pour témoins le curé Temey, l'abbé Cassis, l'abbé Bridaine et l'abbé Caze.
Bouzian il a été chez le grand parfumier Laffargue, calotte à la main, per lé questionner dessour la célèbre eau épilatoire. C'est per el mal de san vito ou bien per les mauresques ?
- C'est pour enlevé les poils dé la figoure, qu'il a contesté el grand mouchou Laffargue! Alorce tous les çournalistes d'el Margaillon y z'en ont acheté pour sé faire la peau dé satin.
Frensquitto et Cagon qui s'avait quitté dé la place d'arroseur de fétus dé la ville pourquoi Gasser y l'a remplacé per oune démobilsé, il a été enboyé par El Margaillon, le plous fort çourbal del monde, à Paris, per démander à l' Président dé la République le autorisation per notre hebdromadaire d'organiçer oun concours qu'esté diablo dé Delaye y veut eppélé El Casse-tête du Margaillon.
  El granouja dé Fransquitto y s'a parti à la Chambre des députés.
Ça c'est oun hom' d'attaque qu'il a des pitits z' yeux pero qui se boit clair dans lé micamacs dé politic.
Enfin, Franaquitto el Cagon y s'a tourné une aut' fois à Oran ousqu'ynous a rencontrés dans noestro local dé Gambetta ; y nous a apporté dé la part dé l'Académie Française, ses bœux avec l'Ordre dé l'Houmoristic qui né donne rien qu'à les grands hommes puisqué c'est nous zot' seulement qué nous l'avons.
Quand à Felippe el Tonto qué c'est oun hom' qui né peut pas sentir les eaux minérales com' not' confrère l'Echo, Al. Cazes. - Tché quel esteafaor este Cazes ! il est allé démander' à la Grand Maison Sempierre si le vin il allait diminner ; on sé l'a répondu qué dorénabant, en place dé dizouit sous on lé bondirait quatrébint dix centimes :
Per finir que dise el Lagagnousse, vingua oun tournée à la cantine dé la Galérie Perrez, pourquoi la mignonne patroune y s'a rèvé à la longanise, et il a fait cadeau à la Rédaction ouna rose dé pava qui sentait la flor d'oranges.
Fransquitto de Lajo
 
 Quelques extraits choisis
 
 
 
MYSTERE AU MUSEE NESSLER
 
Depuis quelques jours, le gardien du Musée Nessler remarquait l'absence du fameux tableau "La Circoncision". Après avoir longtemps réfléchi, il se douta qu'on avait volé le tableau. Une enquête sérieusement menée ayant conclu dans le même sens, on fit des recherches.
Elles ont été couronnées de succès.
On vient de retrouver la "Circoncision" chez un brocanteur de la rue d'Austerlitz.
Il était en bon état, mais il en manquait un petit morceau.
 
 
 
 
 
Pas besoin de balayeuse municipale, le Populo s'en charge
 
 
Le concert du 7 juin
 
Tché qué concert y va se donner samedi soir au Casino Bastrana, à le bénéfice des camarades syndiqués Martin et Bensan ! Tché qué concert, d'attaque et tout ! Le directeur du journal y m'a donné la carte de reporter, je vais aller avec la tia Bolbassa, qui va se mettre la mantille parce que la soirée elle sera... ah! oui, sélecte. Quelle chance que je vais avoir d'aller entendre Marina, atsso Marina Lambert !!! et des artistes al pelo comme Mlle Amigo, la professeur de chant ; aussi les élèves de Mme Clément y seront là. Lyse Demira, Lyse Bensan, rien que des lyss ! et des fleurs : les hommes. Quelle section, Madone ! En tête y vient Maillard, vous connaissez Maillard, qui sé qui le connait pas ! c'est un type tché qu'il est bon ! et puis Bensan, vive lui ! et Taldy, ce pelouo là y se fait appeler Taldy le ténor ; mon ami Crémadès, ah ! quel baryton, ouala un baryton ! le prestie... dididigitateur Brouskoff çouila qui fait des choses que jamais j'ai vu. Et Marcos du Casino de la femelle au canard, de Cannes, qué ! et d'autres encore bons va, qui vont venir parce que les amis Martin et Bensan y méritent qu'on fasse pour eux : toujours y z'ont fait des concerts et joué à ouf.
Enfin ce sera un concert d'attaque et comme à la fin du spectacle y a une sauterie, y faut que je m'achète des gants, parce que Pépico qui va, y m'a dit qu'il faut être élégant. Vivement samedi ; atsso, il faut aller ! tous ceusse qui vont pas que le... y leur tombe sur une rape à formage. Vingua ! rendez-vous à Bastrana tous les camarades syndiqués du Margaillon et portez trois francs pour un pourtour. Vive ceux qui vont, je leur paye un... chez Eugène.
Tchiquito - 5 juin 1919

n° 28 - 6 décembre 1919

     

 

 

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